mercredi 2 juin 2010

expression 93

A lire sur le site expression 93, un article sur le spectacle

http://libertaires93.over-blog.com/ext/http://www.expression93.fr/

La cicatrice d’Aventis de Romainville

dimanche 30 mai 2010, par Vincent

A ceux qui pensent que le théâtre est ennuyeux ou inutile, il faut conseiller la pièce Notre usine est un roman, tirée du roman du même nom.

Cette aventure est inédite : les salariés du site du Romainville (Aventis et précédemment Roussel-Uclaf), l’un des plus grand groupes pharmaceutiques au monde, ont vu leur site fermé en 2003. Ils font alors appel au romancier Sylvain Rossignol pour garder la trace de leur usine, de leurs luttes, de leur vie. Cette littérature de commande transforme le désespoir des licenciés en genre littéraire noble, et le communique, le roman permet aussi de saisir la véritable passion du métier des « Roussel-Uclaf », les salariés, mais aussi la pression insupportable des chefs.

La pièce était représentée au théâtre Aleph d’Ivry, lieu épique en soi, le 23 mai 2010. Si la compagnie Nie Wien n’est pas connue du grand public, elle manie pourtant savamment la vidéo, le témoignage audio, la projection de textes, le chant en plus du jeu traditionnel.

Trois acteurs donnent à voir sur scène un échantillon des quatre mille salariés de jadis. Dans la salle pleine, les anciens salariés du groupe et les autres retiennent avec pudeur mais difficulté leurs sanglots quand on suggère la mort de telle salariée ou la rage de tel autre devant l’abandon de la recherche de telle molécule permettant de traiter le cancer du sein.

Sur scène une poubelle illuminée rappelle que chacun vivra la fermeture du site et son propre licenciement comme la mise aux ordures des employés et de leurs années de travail.

Le décor blanc des labos ou le cadre industriel qui renvoie à la désaffection du site, l’absence de personnages de la scène à certains moments, leurs silences, bouleversent notre conception vieillotte du théâtre, mais bouleverse surtout, trop peut-être, le coeur du public. Face au désastre de l’histoire de cet abandon scandaleux, chacun repart avec une part de la rage des « Aventis », et se trouve changé par l’expérience.

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